Etes-vous plutôt « Entrée des artistes » ou « Entrée des sous-fifres » ?

« C’est qui l’patron ? » criait une publicité d’un loueur de voiture.

Même en regardant très peu la télévision, cette publicité a marqué mes esprits. Je l’ai peut-être d’ailleurs déjà citée dans une précédente publication, sous un autre angle.

Si je vous pose la question suivante : « dans votre tête, c’est qui l’patron ? », que me répondez-vous ?

Sauf déficience neuronale, nous sommes tous dotés d’une petite voix à double entrée :

  • Entrée des artistes
  • Entrée des sous-fifres

Au moment de l’entrée des artistes, notre petite voix intérieure nous acclame, nous félicite, nous applaudit, tel un artiste ayant réalisé un « show d’enfer ».

Lors de l’entrée des « sous-fifres », nous pouvons, à l’inverse, être accueillis par des peaux de bananes, des injures, des coups de sifflets, tel un coupable sur le banc des accusés.

Sur quoi notre petite voix se base pour nous aduler ou nous dénigrer ?

Il est bien entendu que si nous nous percevons comme un « criminel », sans avoir agi comme tel, nous le faisons sous conditionnement. Cela signifie que c’est plus fort que nous et il est probable que nous le faisons de manière inconsciente.

Si nous faisons un retour en arrière, l’enfant que nous étions n’a pas choisi l’option du mal-être ou du faire-mal « délibérément ».

« Un enfant naît ni gentil, ni méchant, Il ne connaît ni le bien et le mal, il doit juste se battre pour trouver sa place ».

Affirme le philosophe François Roustang.

Le mot gentil aujourd’hui est galvaudé. Je me rappelle de l’expression « il est gentil » utilisé pour exprimer « il est niais ».

« Caractère de quelqu’un qui est d’une complaisance attentive et aimable. Action, parole aimable, gentille (surtout pluriel) ».

Indique le dictionnaire Larousse.

Pour moi, il pourrait s’agir de faire les choses avec ouverture, cœur, bonté.

Alors, dans le monde du travail, qu’est-ce qui fait que nous développions des comportements gentils ou méchants ?

Les adultes que nous sommes sont le reflet de l’enfant que nous étions, impacté par l’environnement dans lequel nous avons grandi.

A l’image de ce qui se passe dans l’enfance, si notre manager directif, colérique, rigide, fermé sur lui-même attend de nous d’être un collaborateur sage, obéissant, conformé à certaines règles, nous comprenons que nous devons nous aliéner pour nous faire reconnaître et gagner ainsi notre étiquette de collaborateur modèle.

Dans un environnement d’insécurité affective, qu’est-ce que cela pourrait produire dans les entreprises ?

Une soupape qui explose de ce collaborateur modèle qui se sent enfermé et qui n’ose pas s’affirmer ? De la rétention d’information, des sabotages, des tensions, des coalitions… Nous pouvons alors souhaiter la bienvenue au sous-fifre car l’image négative que nous percevons de nous, à ce moment-là, si nous agissons en conscience, pourrait nous revenir en boomerang, par exemple, à travers cette phrase « tu as vu ce que tu as fait, ce n’est pas bien ».

Il y a une dizaine d’années, après 7 ans de travail acharné, de créativité, de fort développement de l’activité, je me souviens avoir eu ce comportement.

Mon chef était plutôt laxiste et pouvait hausser le ton facilement si je lui remontais les nombreux dysfonctionnements – qu’il ne résolvait pas. Un jour, lors d’une réunion mensuelle, dès qu’il me demandait de mener une action, je lui répondais : « non, je n’ai pas envie ». Cela m’était devenu insupportable de me conformer à ses attentes par peur de ses colères et aussi, par envie de me libérer.

Aujourd’hui encore, je m’en souviens comme si c’était hier et, bien que fière d’avoir exprimé les choses, était-ce la meilleure façon de le faire par rapport à ma valeur du professionnalisme ?

Quelles sont les conditions favorables aux artistes ?

Si, au contraire, les collaborateurs se sentent dans un environnement chaleureux, disponible et ouvert, ils ont toutes leurs chances d’évoluer dans une sécurité affective propice à l’épanouissement de leur gentillesse.

« Dans le développement de l’humanité, comme dans celui de l’individu, c’est l’amour qui s’est révélé le principal, sinon le seul facteur de civilisation, en déterminant le passage de l’égoïsme à l’altruisme ».

Rappelle Freud.

Au-delà de l’environnement dans lequel nous évoluons, comment pouvons-nous permettre à notre artiste de gagner en notoriété ?

Mais tel un magicien, le reste n’est pas loin.

La première étape est d’identifier notre propension à endosser tel ou tel rôle. En effet, comme tout magicien qui « nous en met plein la vue », si nous choisissons de nous entraîner à écouter notre petite voix, les résultats pourraient bien être bluffant !

Ensuite, riche de cette prise de conscience, dès que nous détectons la voix qui parle, nous avons la possibilité de nous mettre en actions, si, bien sûr, nous souhaitons « nous débarrasser du costume du criminel ».

Dernièrement, j’ai une cliente qui a trouvé l’idée de mettre un sou dans une tirelire dès que cela lui arrivait.

Qui détient la manette de notre mental ?

Réussir ce tour de passe-passe, c’est reprendre son contrôle et nous permettre de devenir le patron de notre vie.

Il arrive qu’à ces moments-là, nous nous en voulions de nous dévaloriser. N’est-ce pas encore une autre au côté sombre de votre petite voix de prendre encore le dessus ?

Et si prendre le contrôle était aussi de lâcher prise et d’accepter les choses ?

Par analogie, ceux, qui l’ont déjà pratiqué, savent combien lors de pratiques méditatives, les pensées peuvent nous assaillir et nous détourner de la centration vers notre monde intérieur ou ce que nous réalisons.

J’ai beaucoup aimé ce que j’ai entendu dans une méditation de Cédric Michel « quand vous vous rendez compte que votre esprit s’est échappé vers un ailleurs et que vous le ramenez, essayez de le faire avec le plus de bienveillance possible envers vous-même. Souvent dans une pratique de méditation, de concentration, on peut avoir tendance à se dire qu’on a mal fait, qu’on n’est plus dans la pratique, alors que, au contraire, à partir du moment où vous vous en rendez compte dans vos pratiques de concentration, que votre esprit s’est échappé, c’est déjà un point positif parce qu’en fait vous avez récupéré du contrôle sur cet esprit qui passe d’une idée à l’autre. Vous pouvez vous féliciter d’avoir retrouvé son contrôle ».

Accepter les choses pourrait-elle être une façon de voir le bout de ciel bleu au bout du tunnel ?

Et vous, chers managers de votre vie, sur quelle entrée, mettez-vous de la lumière ?