« Le changement, c’est maintenant » ou bien ?

Changer d’organisation du travail, de process, de logiciel, de manager, etc. revient à passer d’un état à un autre. C’est-à-dire demander à s’ouvrir à un état nouveau, sans repère…

Le changement suscite chez l’être humain des réactions les plus diverses, allant de l’enthousiasme à la peur, à l’immobilisme, au sabotage, à la rétention. Un changement imposé est un changement auquel, le plus souvent, on s’oppose car il peut être générateur de sentiment d’emprisonnement. Se sentir enfermé quand le changement incite plutôt à s’ouvrir à autre chose ?

On parle souvent de cette résistance au changement qu’on oppose aussi au lâcher prise.  S’opposer, ralentir, contrer, défier, se dresser, contester, lutter, refuser, nier… autant de verbes d’actions qui impliquent un mouvement pour annuler, pour diminuer l’effet d’un autre mouvement ou d’une force, d’une action. Le mot « résister » vient du latin « resistere » qui signifie empêcher, s’opposer à quelque chose ou à quelqu’un.

C’est ce mouvement de résistance qui s’opère quand, dans mon milieu de travail, je m’oppose à un changement qui m’oblige à modifier mes façons habituelles de travailler. Ou quand la venue d’un enfant me force à modifier mes habitudes de vie. Ou quand un changement d’emploi m’amène à quitter des collègues de travail ou que la réalisation d’un rêve que je caresse me force à changer de ville, de pays, laissant derrière moi mon confort.

C’est cette même résistance que je vis quand un deuil me force à vivre la douleur de la séparation d’avec un être cher. Ou quand un événement fâcheux vient contrecarrer le déroulement d’un voyage, qu’une personne émet une opinion contraire à la mienne ou se comporte d’une manière qui contrarie une de mes valeurs…

Les exemples de résistance psychologique pourraient se multiplier à l’infini… La résistance psychologique est une réaction pour s’opposer à ce qui arrive, à ce qui se passe à l’intérieur de moi ou à l’extérieur, pour lutter contre soi ou les autres, pour refuser ce qui est.

Pour autant, la résistance au changement est normale…

C’est un mécanisme d’adaptation profondément ancré dans notre cerveau qui nous porte à vouloir fuir ou éviter les situations ou les émotions potentiellement ou réellement souffrantes, inconfortables, menaçantes et qui troublent ou peuvent troubler notre confort, notre sécurité, nos croyances, nos valeurs, nos besoins, notre équilibre.

Comme tous les êtres vivants recherchent le plaisir et veulent éviter la souffrance, la résistance au changement est universelle, inévitable : c’est une stratégie de survie. Et notre cerveau va toujours réagir pour nous éviter une souffrance réelle comme anticipée ou imaginée.

Voilà pourquoi nous résistons quand nous voulons changer des habitudes alimentaires, quand nous souhaitons nous mettre au travail pour avancer dans un projet, pour pratiquer la méditation, l’entraînement physique. Voilà pourquoi la résistance se manifeste aussi quand vient le temps d’accepter une situation nouvelle, un changement au travail, une contrariété, une séparation, un chagrin, etc.

Si la résistance est normale, ce qui ne l’est pas, c’est de résister tout le temps, d’en faire une position de vie.

En résumé, nous pourrions dire que lorsque nous éprouvons des émotions positives, l’énergie circule naturellement et aisément. Quand nous résistons, quand nous éprouvons des émotions négatives, le flot de notre énergie est endigué, freiné voire bloqué.

Ma vie, comme rivière ou le lâcher-prise

Le mouvement de la vie en nous est comme l’eau qui circule dans une rivière. Quand on se sent bien, physiquement et psychologiquement, rien n’arrête le courant et l’eau circule sans entrave, librement, aisément. C’est, entre autres, la sensation qui accompagne le lâcher-prise.

Inévitablement, l’eau rencontre des obstacles, ces contrariétés qui ne manquent pas de se présenter dans nos journées. Certaines sont plus petites, d’autres plus grandes et elles sont comme ces pierres ou ces arbres que la rivière rencontre sur son parcours. Mais l’eau trouve toujours son chemin, contournant l’obstacle.

Dans notre vie aussi, nous rencontrons des obstacles plus moins grands qui ralentissent le flot de notre énergie. Mais la comparaison avec la rivière a ses limites. En effet, nous avons plusieurs manières d’entraver notre expression créatrice et d’empêcher notre vie de trouver son chemin, en un mot de résister.

Si le changement entraîne de forts déséquilibres individuels ou organisationnels, la nécessité d’accompagner le changement comme un projet en impliquant les acteurs et en mettant en place des étapes clés est nécessaire.

Les facilitateurs du changement sont des tiers extérieurs tels des médiateurs, des coachs professionnels, des consultants ou des psychologues. Leur impartialité et leur neutralité favorisent l’identification des résistances et ainsi, la préconisation d’actions facilitant leur transformation.

Avec les réajustements économiques permanents des entreprises, la conduite du changement est un vrai sujet pour les sociétés qui nécessite une anticipation permanente.

Quelles sont les pertes visibles et invisibles occasionnées par un changement imposé ? A quelle hauteur évaluez-vous vos gains si vous faites appel à un professionnel de la conduite du changement ?

Sandrine TOUITOU